lundi 23 avril 2007

Jour de vote à Sarkoland


Rien de nouveau sous le soleil.
Comment le savais-je ? "Voir le réel tel qu'il est " a toujours été la force des artistes, plus visionnaires que 1000 gestionnaires. J'ai toujours espéré être moyen sans cette faculté de sentir le cours des choses bien avant.
Toutes les dictatures ne s'y trompent pas. Elles abattent, emprisonnent, baillonnnent, tabassent, matraquent, surveillent, internent, brisent toujours les véritables artistes. Relisez votre histoire. Relisez vos classiques.
Mon père fut abattu d'une balle dans le dos. Les dictatures reposent sur le culte du petit chef. Une apparence de liberté. Plus ils prononcent le mot moins elle est réelle. Une ignorance crasse, une bêtise diffuse déguisée en idée commune. Les berlusconneries furent découvertes très tardivement. Les dictatures s'érigent toujours dans la fête. Ecoutez leur garde rapprochée. Derrière les confettis, le culte de la matraque.
Ces élections, conformes aux prévisions des sondages dont chacun a été matraqué massivement jusqu'à la nausée, du matin jusqu'au soir, ont donc été une farce de plus.
Une grosse farce donc dont chacun fait mine d'ignorer les conséquences brutales pour tous les fracassés du système. Un seul clan détient tous les pouvoirs : économique, politique, médiatique. Les apprentis dictateurs ont réussi à enfumer les esprits. Comme hier. Comme toujours.
Rien de nouveau sous le soleil.

Lara Marlowe*
The Irish Times

A Neuilly, dont il a été le maire pendant 19 ans, Nicolas Sarkozy est sûr de faire le plein des voix. C'est ce qu'a constaté ce dimanche la correspondante du quotidien Irish Times.

A Neuilly-sur-Seine, dimanche, il s'est sans doute trouvé des gens pour voter contre Nicolas Sarkozy. Mais en trois heures passées au bureau de vote de l'île de la Jatte, je n'en ai pas croisé un seul. Quand le candidat de la droite est enfin venu déposer son bulletin dans l'urne, à bord d'une limousine noire aux vitres fumées, ses partisans l'ont applaudi en criant : "Bravo, bravo".

"Qui dit que Nicolas Sarkozy n'est pas le bienvenu en banlieue ? Ici, ce n'est pas la banlieue ?", plaisante François de la Brosse, le communiquant qui a fondé NSTV, une télévision sur Internet qui rendrait n'importe quel dictateur vert de jalousie.

Sarkozy est persona non grata dans les banlieues* peuplées d'immigrés depuis qu'il a traité les délinquants de "racaille". Neuilly, avec une population de 60 000 personnes, est une banlieue de Paris. Mais c'est aussi la municipalité la plus riche de France par habitant.

A Sarkoland, on n'incendie pas les voitures la nuit. Les seuls noirs et Arabes que l'on rencontre sont des diplomates ou des héritiers du pétrole. Les trottoirs bordés d'arbres retentissent du pépiement des oiseaux et sont hantés par des joggers, pas des cogneurs. Pour paraphraser Baudelaire, ici, tout n'est que "luxe, calme et volupté*".

Sarkozy aimerait bien que la France entière ressemble à son fief. Il en a été maire pendant dix-neuf ans, puis il a présidé le conseil départemental des Hauts-de-Seine. A ce titre, il s'est assuré de la loyauté de ses sujets. Lors des dernières municipales, en 2001, il l'a emporté au premier tour avec 76,88 % des voix.

Quelqu'un à Neuilly n'a-t-il pas voté pour Sarkozy ? Je pose la question à François de la Brosse. "Je ne sais pas, répond-il. J'ai vu passer quelques chiens". Les petits caniches blancs et les terriers nains étaient de rigueur au bureau de vote, tout comme les jeans de marque, les sacs à main Louis Vuitton, les cheveux blonds peroxydés et le bronzage.

Nicolas a pour habitude d'épargner à Neuilly tout désagrément. Par exemple, il a fait construire un tunnel routier sous l'appartement de sa mère, avenue Charles de Gaulle, pour éliminer les nuisances sonores et les gaz d'échappement. Et bien qu'une loi française exige de toutes les villes qu'elles réservent 20 % de leurs logements aux défavorisés, ce taux est de 2 %à Neuilly.

"Il a veillé à ce que Neuilly garde sa personnalité", déclare un habitant qui déambule le long du quai où Seurat a peint ses chefs d'œuvre pointillistes. "Ici, il y a une identité très forte, comme une tribu. Il a préservé ça. Nous n'avons pas de problèmes de sécurité, de propreté, d'appartenance culturelle. 25 % de la population sont juifs. Il y a des Arabes et des Iraniens. Il y a beaucoup de concierges portugaises. Il y a de la diversité, mais elle est bien gérée".

A Sarkoland, on n'approuve pas totalement la façon qu'a eu le candidat de droite de faire une cour assidue aux électeurs de Le Pen. Les habitants de la paisible Neuilly ne veulent pas être pris pour des extrémistes. Mais il est difficile de résister aux promesses d'allégements d'impôts, de suppression des droits de succession et de la semaine des 35 heures. Et, oui, beaucoup espèrent que Sarkozy accomplira enfin ce que promet Le Pen depuis trente ans, et qu'avec lui, les immigrés ne vivront plus, comme ils disent, "aux frais de la princesse". Ces immigrés qui, eux, résident dans la vraie banlieue.

* En français dans le texte
by Lara Marlowe
The Irish Times

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo pour avoir chosi ces images pour illustrer votre blog...
H.Z

Anonyme a dit…

Merci bcp Henri ;