samedi 10 mars 2007

Douce France


Lorsque je pense à "France", 4 lettres me viennent immédiatement à l'esprit : "ANPE".

La France, c'est le premier producteur de chômage en Europe et peut-être même au monde. Des générations entières ont grandi avec la peur du chômage. La première chose qu'on vous demande en France, ce n'est pas ce que vous aimez mais ce que vous faites. Votre métier. La France, c'est un énorme code ROME. On veut savoir si vous êtes bien casé. Si vous répondez sans rire : "euh, je suis sans emploi..." c'est mille fois pire que si vous annonciez que vous avez choppé le cancer et le H5N1 en même temps. Etre sans emploi, en France, c'est le début de la fin. Je commence par le début : ANPE. La fin : ANPE.

ANPE. Une agence créée vers les années 1900 quelque chose, par je ne sais qui, pour je ne sais quoi. Un gros bidule qui ne sert à rien. Enfin, si, faut pas exagérer : à mettre des classeurs dans des coins pour des formations bidons qui déboucheront sur des impasses et autres culs-de-sac. L'ANPE, ou l'APEC, des inventions bien françaises, des machins destinés à engloutir les deniers du public, faute de recevoir correctement le dit public, et de servir à quelque chose. Si vous voyez une grande queue devant, ce n'est pas parce-qu'une star quelconque y passe, mais tout simplement, parce-que QUEUE et ANPE, ça rime bien. Je n'ai jamais de ma vie, croyez-moi si vous le voulez, et c'est pas la volonté qui m'a manqué, reçu une seule offre de l'anpe. Dans n'importe quel job center anglais, même bourré, on vous propose un job. Ici, on vous radie.

Franchement, il n'y a qu'en France ou l'on demande à des gens qui n'ont jamais cherché d'emploi de leur vie, des très protégés, de créer un truc destiné à aider ceux qui cherchent du travail. S'il y avait une épreuve reine dans laquelle tout jeune français remporterait facile des médailles d'or à la pelle, aux Jeux Olympiques qui n'auront jamais lieu à Paris, c'est bien le lancer de cv. Un sport national. Des milliers d'heures durant, des milliers de stages durant, on apprend au jeune français, à se présenter, en lui expliquant bien ce que les entreprises françaises cherchent : le mouton à 5 pattes, qui a moins de 28 ans, 20 ans d'expériences, parle 6 langues, tape à la machine sans les mains, s'habille chez Lanvin, a le bon teint avec le profil très suédois exigé, et qui doit être aussi courtois qu'un Jean Luc Delarue. Certes, certes, il prend l'avion souvent bourré et sous Lexomil mais après tout, einh, c'est le gendre idéal. Et puis, trêve de plaisanterie, chacun sait que les tranquilisants et l'alcool, ce sont nos opiums à nous autres français. On en avale à toutes les sauces. On a donc inventé le chômage de masse. Une exception française dont on est fier. Et croyez-le ou non, mais toutes les années, depuis au moins 1900 quelque chose, des gens très sérieux qui n'ont pas de problème de travail eux, viennent à la télé, ou à la radio, nous raconter qu'ils vont résoudre notre chômage à nous. C'est notre bêtisier de chaque année à nous.

Il n'y a qu'en France qu'on claironne comme de fiers paons que "le chômage a baissé" quand il touche toujours plus de 10% de la population active. Pas même le Tony Blair, connu pour avoir un culot monstrueux, n'irait à la télé ou à la radio avec la mine satisfaite, raconter que tout va bien, le chômage est maitrisé : il est seulement à 9.6% euh... 9.8%. Personne ne sait vraiment vu que la meilleure façon qu'on a trouvé de réduire le chômage, c'est comme pour la canicule : casser puis planquer le thermomètre.

C'est tellement la honte, qu'on en rigole de la Suède en passant par l'Australie, et que même l'Insee, l'organisme officiel, ne sera pas en mesure de publier, cette année son enquête annuelle sur l'emploi.

Au passage, bien évidemment, ils en profiteront pour nous traiter de tous les noms, de fainéants, de nantis, de moins que rien. C'est de votre faute si les entreprises licencient, si elles n'embauchent pas ou si certains patrons crapuleux se barrent en cachette avec la caisse. Ne dites jamais, non jamais que vous êtes au chômage, vous perdriez ce qu'il vous reste d'amis, et, de toutes façons ne rêvez pas, des amis, si vous êtes au chômage, vous n'en aurez pas. Faut pas rêvez, sans fric, vous raserez les murs et puis, vous ne vous raserez plus tout court. Vous n'avez que ce que vous méritez : salaud de pauvre ! On vous marquera au fer rouge. On vous parquera. On vous désignera du doigt à la vindicte populaire. Si on ne vous jette plus des pierres, remerciez uniquement le progrès, nos rues sont dorénavant goudronnées.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu es très brillant ! ;-)
Continues cette oeuvre s'il te plait ici comme ailleurs ! ;-)

Mabrouck LOUMICI

Anonyme a dit…

Merci. C'est sympa. C'est sûr qu'on continue ;
A bientôt

Anonyme a dit…

Tu n'aimes pas benabar, tu aimeras RADIO SHIC

http://www.radioshic.com

my fatum is rich a dit…

Fatum ne se rase plus qu'occasionnellement. Pour l'occasion. Pour le reste, c'est advienne que pourra.

Jolie pensée de l'Abdel De Baizanville sur le "monde comme il va" qui aura touché le richfatum. A n'en point douter.

Richfatum